Vie quotidienne

Quatre femmes aux commandes à IMT Mines Alès

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En ce mois de mars, qui abrite le 8 la Journée internationale des droits des femmes, partons à la rencontre du quatuor féminin qui dirige la prestigieuse école alésienne, son association Mines Alès Alumni et le Bureau des élèves. Presque 50 ans après l’arrivée de jeunes femmes dans les promotions d’IMT Mines Alès, et alors qu’elles représentent aujourd’hui 36 % des effectifs, quel est le chemin parcouru et quel est celui qui reste encore à parcourir ?

Assia Tria, directrice d’IMT Mines Alès

« Rendre visibles les femmes dans les domaines scientifiques
permettra d’attirer d’autres femmes »

Au départ, Assia Tria, originaire d’Alès, voulait être professeur de mathématiques ; en tout cas, c’était son projet en entrant à l’Université. Son goût pour les sciences l’a emmenée beaucoup plus loin. DEA de physique appliquée, doctorat en électronique, optronique et systèmes : des filières où les femmes sont rares. Industrie de la carte à puce, Commissariat à l’Énergie Atomique, transfert de technologies, cybersécurité, Assia Tria multiplie les expériences, passe du privé au public et s’enrichit à chaque fois de nouvelles compétences. Un profil atypique qui convainc lorsqu’elle est nommée directrice d’IMT Mines Alès en décembre 2021.

« Je ne suis pas du Corps des Mines, je suis une femme… Je suis arrivée dans un contexte de renouveau et d’ouverture. » Des mots qui collent parfaitement à la mission qu’elle s’est fixée pour l’école : modernisation, transversalité accrue et hiérarchie moins rigide, implication forte dans des projets européens, internationaux tout comme dans des projets alésiens. Une école ouverte, visible et ancrée sur son territoire.

Sa perception

« Bien sûr, il y a eu des réticences au départ et c’est normal. On ne sait pas trop comment les femmes managent puisqu’il n’y en a pas. Quand on constate qu’une femme est normale, bien “câblée” et qu’elle a les compétences qu’on attend, ça rassure. Et c’est surtout important pour les femmes : quand elles voient des femmes qui font, elles comprennent qu’elles peuvent le faire. Rendre visibles les femmes dans nos domaines permettra d’attirer d’autres femmes. On en mesurera l’impact au fur et à mesure. »

Élisabeth Pinquier, présidente de Mines Alès Alumni

« Être la première femme présidente ne m’a pas traversé l’esprit avant qu’on me le dise... »

Sortie de l’école en 2004, Élisabeth Pinquier y est revenue comme présidente de l’association des anciens élèves Mines Alès Alumni à l’été 2021. Pour elle qui travaille dans les assurances, c’est d’abord une manière de redonner ce qu’elle a reçu : « J’ai été logée quatre ans à la Maison des élèves, donc je trouve normal de donner à mon tour de mon temps, de mes compétences et de m’engager pour cette école. » Un engagement fort dans un contexte de reconstruction, de remise sur les rails de l’association après qu’elle a traversé de sérieuses secousses. « C’est mon approche pour cette présidence : reconstruire sur des bases solides, dynamiser le réseau d’Alumni au profit des étudiants et rendre la vie la plus agréable possible pour toutes et tous à la Maison des élèves. Un travail de l’ombre plus que de représentation, sans ego, mais très satisfaisant quand ça fonctionne. »

Sa perception

« Être la première femme présidente ne m’a pas traversé l’esprit avant qu’on me le dise… Mais j’observe qu’il y a une impulsion et des perspectives positives. Il y a plus de femmes de toutes générations au Conseil d’administration, c’est une dynamique récente et cela va peut-être donner l’envie de revenir à d’autres “anciennes”. Notre visibilité montre que c’est possible, qu’on peut s’impliquer, être active et avoir une contribution positive, même s’il y a encore beaucoup à faire pour les femmes. La société évolue, c’est sûr, on peut juste parfois s’agacer de la vitesse à laquelle cela avance… »

Nathalie Gauthier, directrice de Mines Alès Alumni

« L’évolution va dans le bon sens, mais on n’y est pas tout à faire encore »

Profil atypique aussi que celui de Nathalie Gauthier, directrice de Mines Alès Alumni depuis octobre 2022. Après un début de carrière en gestion-comptabilité qu’elle exerce dans le secteur du bâtiment, elle poursuit aux Thermes des Fumades avant de décider, à 47 ans, de passer une licence en ressources humaines. Son arrivée à IMT Mines Alès ? Une petite annonce à laquelle l’Alésienne répond. Elle trouve vite ses marques au sein de l’association. Ses missions ? « Le pilotage de tous les projets de l’association en partenariat avec les membres du bureau et du Conseil d’administration ; la conformité et la qualité des prestations rendues aux étudiants, à la Maison des élèves notamment ; représenter l’association dans le cadre de ses missions au sein de l’école et auprès des prestataires extérieurs. Je prends mes marques, mais tous les membres de l’association travaillent avec moi, ça réconforte dans tout ce qui peut être entrepris. »

Sa perception

« Une femme est peut-être plus à l’écoute sur certains sujets. Mais pour certains, une femme, c’est encore rédhibitoire. Comme pour les étudiantes à l’école : mêmes études, mêmes compétences, pas de différence. L’évolution va dans le bon sens, mais on n’y est pas tout à faire encore. »

Alba Grall, présidente du Bureau des Élèves

« Les femmes doivent montrer la voie aux autres femmes »

Alba Grall, 20 ans, en 1re année de formation d’ingénieur généraliste, est la nouvelle – et première – présidente du Bureau des Élèves (BDE). Elle sera officiellement installée en mai 2023 pour un an. Son rôle est de tout faire pour procurer une vie attractive aux étudiants sur le campus, les protéger et les soutenir dans leurs projets. Son credo : la solidarité. « Actuellement, au Conseil d’administration, nous siégeons en double bureau. Les anciens nous transmettent tout leur savoir pour qu’on puisse assurer la relève. C’est ça l’objectif : les premiers BDE ont planté des graines, les suivants doivent les faire prospérer… Et nous pourrons ensuite passer la main sans regret, nous aurons fait notre maximum. »

Sa perception

« Je n’ai jamais fait de différence entre homme et femme. Mes parents m’ont élevée sans faire de différence, je pouvais faire ce que je voulais, tout était normal. Pour moi, c’est normal que quatre femmes soient à la tête d’IMT Mines Alès. » S’agissant de la discrimination positive appliquée aux femmes, Alba Grall confie la redouter : « Ça me fait un peu peur d’être recrutée parce que je suis une femme et non pas pour mes compétences. » Même si elle pense que sa génération est assez égalitaire, elle reconnaît qu’au lycée elle a beaucoup entendu de filles dire qu’elles ne seraient jamais bonnes en maths. « J’aimerais retourner dans mon lycée pour leur parler des métiers de la science. Leur dire qu’il faut travailler, y aller, que c’est possible. » Car elle constate aussi que le pourcentage de jeunes femmes dans les filières scientifiques n’augmente pas si vite. « Les femmes doivent montrer la voie aux autres femmes ».

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