Mis en service en 1967 pour protéger des crues, avec la capacité de retenir 15 millions de mètres cubes d’eau, le barrage de Sainte-Cécile-d’Andorge pourrait devenir un outil central de gestion de la ressource en eau sur le bassin versant du Gardon, dans un contexte de dérèglement climatique marqué par l’intensification des sécheresses et des épisodes pluvieux extrêmes.
Grâce à d’importants travaux de sécurisation et de consolidation engagés cette année par le Conseil départemental du Gard (propriétaire) pour consolider sa structure, l’ouvrage redevient un atout stratégique pour le territoire. Le Département, en lien avec l’EPTB des Gardons, mandaté par Alès Agglomération pour gérer les rivières et la ressource en eau sur son territoire, souhaite aujourd’hui lui redonner une utilité accrue, en particulier lors des périodes d’étiage estival de plus en plus gourmandes en eau. Une étape indispensable pour envisager l’avenir, selon Bérengère Noguier, vice-présidente du Département déléguée à la Transition écologique et à la Biodiversité : « Cet ouvrage doit évoluer pour répondre aux besoins de demain, avec 6 millions de mètres cubes de déficit sur le bassin versant du Gardon d’ici 2100 selon les estimations ».
800 000 m³ d’eau supplémentaires à stocker
Deux grandes pistes d’intervention sont actuellement à l’étude pour augmenter les volumes d’eau mobilisables. La première consiste à restaurer la capacité initiale de la retenue en retirant les alluvions accumulées durant près de 60 ans (graviers, sable, limon), qui réduisent le volume du barrage et limitent donc sa capacité à stocker l’eau en hiver. On parle là de quelque 800 000 m³ de sédiments à déplacer… La seconde piste envisagée vise à rehausser le barrage ou à modifier ses équipements pour augmenter la capacité de la retenue. « L’idée est simple : retenir plus d’eau quand il y en a trop, pour en restituer plus et plus longtemps quand il en manque », schématise Max Roustan, président de l’EPTB des Gardons. Et le directeur, Lionel Georges, de compléter : « L’objectif est de prolonger le soutien d’étiage jusqu’en août, contre juillet actuellement ».
Pour les acteurs du territoire, il s’agit d’un projet structurant : « Nous ne devons pas sous-estimer les problématiques liées à l’eau, à court ou long terme, a insisté Christophe Rivenq, président d’Alès Agglomération. Ce barrage doit devenir un levier d’adaptation. Il ne s’agit pas seulement de rénover, mais de préparer l’avenir : sécuriser l’alimentation en eau potable et l’irrigation agricole, préserver les milieux aquatiques, ou encore maintenir les activités touristiques, comme sur la base nautique des Camboux ».
Ces études (300 000 €), financées par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse (50 %), l’EPTB des Gardons (20 %), la Région (15 %) et le Département (15 %), doivent être rendues au 1er semestre 2026. Au-delà de l’ouvrage lui-même, c’est l’ensemble du système hydraulique de la haute vallée du Gardon qui est repensé : le barrage des Camboux, situé en aval, joue également un rôle important dans le soutien d’étiage. L’objectif est donc de coordonner les deux ouvrages pour une gestion plus fine et plus résiliente de la ressource.
L’étiage, qu’est-ce que c’est ?
Le barrage de Sainte-Cécile permet de retenir l’excès d’eau dû aux précipitations, et donc de réguler le débit du Gardon en aval pour protéger les populations d’inondations catastrophiques. Ce rôle “d’écrêteur de crue” engendre un important stockage d’eau, qui peut ensuite être restituée au Gardon d’Alès durant le printemps et l’été où les débits sont très faibles ; c’est ce qu’on appelle le “soutien d’étiage”.
Cet apport d’eau supplémentaire, à raison de 200 litres par seconde, contribue à la production d’eau potable sur le bassin alésien, à l’irrigation de la plaine alluviale et à la préservation des milieux aquatiques.
