De nouvelles façons de travailler se développent depuis quelques décennies, notamment grâce à la modernisation des moyens de communication, comme internet ou la téléphonie mobile. La crise sanitaire mondiale de coronavirus a accéléré certaines d’entre elles, obligeant des millions de personnes à télétravailler. Mais quelles sont les pistes de développement de ces modes de travail dans les villes moyennes et en territoire rural ? Ont-ils un avenir sur Alès Agglomération ?
Le télétravail, cette activité professionnelle hors d’un lieu uniquement dédié à l’activité productive, existe en fait depuis le Moyen Age, mais s’est finalement assez peu développé. Selon une étude d’Eurostat de mars 2020, la France compte entre 3 et 5 % de télétravailleurs réguliers et moins de 15 % d’occasionnels, là où les pays nordiques comme la Suède ou Les Pays-Bas dépassent les 15 % (30 % pour les télétravailleurs occasionnels).
Un levier de développement en milieu rural
Les pouvoirs publics misent sur le développement des nouvelles technologies dans l’espoir de créer un levier de croissance pour les territoires périurbains et ruraux. « Notre tissu économique est tributaire de la mobilité, ce qui est complexe sur des secteurs de moyenne montagne, et d’une réelle égalité d’infrastructures par rapport aux grandes métropoles. Si nous n’avons ni autoroute, ni TGV, ni aéroport, nous devons impérativement être connectés efficacement pour nous développer», décrypte Christophe Rivenq, président d’Alès Agglomération.
Un changement de culture du travail s’impose
Bien sûr, tous les métiers ne se prêtent pas au télétravail. Et tous ceux qui le peuvent, ne le veulent pas forcément. C’est un changement de paradigme auquel font face les travailleurs comme les employeurs. L’avenir du télétravail dépend davantage d’un changement culturel et organisationnel au sein des entreprises et de leurs équipes que des réelles avancées des technologies de communication.
Ceven’L@b, l’expérience rurale réussie
À Génolhac, au premier étage d’une maison de maître appartenant à l’Agglo, l’association Ceven’L@b a ouvert, le 7 septembre, un espace de 100 m² pouvant accueillir jusqu’à huit personnes. Salle de réunion et cuisine agrémentent un lieu lumineux et spacieux. À l’origine de Ceven’L@b, quatre femmes : Lætitia Guasti et Sophie Cambou, administratrice et responsable de la Scop “En voiture Monique”, structure de production des Frères Jacquard (au centre), Mélanie Bastian et Prune Pellet de l’association Racines de Terriens.
Lætitita Guasti, gérante de La Boîte à papiers (comptabilité et gestion administrative), a créé avec trois autres acolytes, un espace à la vocation plurielle. « Nous avions toutes les quatre besoin d’un espace dédié au travail. Louer un local individuellement n’est pas rentable, il nous fallait une solution alternative. Le partage d’un local s’est avéré idéal. »
Ni une ni deux, la Génolhacoise, déjà à l’origine de la création d’une mini-crèche sur Chamborigaud, s’est démenée pour monter un projet élargi autour d’un lieu de coworking ouvert aux indépendants mais pas que. « Je viens trois jours par semaine. J’avais besoin de briser un peu mon isolement professionnel », indique Sophie Cambou.
« Ce lieu met en avant des professions intellectuelles souvent invisibilisées en milieu rural mais crée également du lien social, non seulement entre les indépendants mais aussi avec les artisans, professeurs et étudiants ou avec le grand public qui pourra venir se former à l’informatique, un peu comme dans un Espace public numérique », argumente Lætitia Guasti.
Les projets et animations sont encore à l’étude en fonction du développement du lieu et de l’activité des membres. Un projet “Open” dans la pratique comme dans l’esprit, typique de la polyvalence caractéristique du monde rural.
Une carte à jouer pour les territoires ruraux
Pour Alès, cœur de territoire, tout est prêt. À Digit’Alès, le campus du numérique, comme dans les coffee shop de la ville ou à la médiathèque Alphonse Daudet, les espaces de coworking affichent complet.
Le développement de cet esprit “nomade”, très en vogue dans les grandes villes du monde entier, est à même de booster l’attractivité des villes moyennes et des territoires ruraux, moins pollués et offrant une qualité de vie incomparable. « C’est pourquoi j’aime à répéter que le temps d’Alès Agglomération est arrivé car pour de nombreux domaines souvent réservés aux grandes métropoles, il y a désormais une carte à jouer pour nous », assure Christophe Rivenq.
L’audace entrepreneuriale affichée et reconnue en Cévennes, l’avénement de la 5G et de la fibre, accompagné d’une flexibilité du travail souvent souhaitée par les entreprises – parfois imposée par les événements, comme la crise du Covid-19 – seront-ils les atouts d’un nouvel âge sur Alès Agglomération ? Celui du temps où le travail, n’ayant plus de frontières, plus de lieu physique dédié, est enfin accessible à toutes et tous, partout, tout le temps.
EXPÉRIENCE
Digit’Alès,
une émulation réussie sur le campus
Digit’Alès
1675, chemin de Trespeaux, Myriapole, Alès
tél. 04 66 52 82 63
En open space ou en box, Digit’Alès, le campus numérique, à Alès, offre jusqu’à huit postes de travail pour des télétravailleurs. « Depuis la rentrée, notre planning est quasiment plein tous les jours », détaille Émilie Robert, chef de projet Mobilité et Numérique à l’agence Alès Myriapolis.
Les co-workers accueillis au Myriapole ont des profils et statuts variés : travailleur indépendant, salariée d’entreprise éloignée ou porteur de projet, ils et elles habitent à une cinquantaine de kilomètres à la ronde.
Une tendance se dessine vers une préférence pour les box, où le travailleur peut trouver davantage de confidentialité que dans un open space. « Cependant, il y a une véritable émulation ici, ce qui est dans l’ADN même du projet Digit’Alès, entre les co-workers, les start-ups et les centres de formation. Les échanges entre tout le monde sont moins formalisés que les années précédentes car désormais, nous respectons toutes les mesures sanitaires et les distanciations. »
Alès : trois places de choix pour travailler autrement
Quelques lieux publics et privés ont développé une volonté d’accueillir dans leurs structures des travailleurs. « C’est dans cet esprit que nous avons développé notre coffee shop. C’est un espace spacieux et lumineux où vous n’êtes pas sollicité toutes les cinq minutes, parfait pour travailler », témoignait Gwendoline Chausse lors de l’ouverture du Good Place, en septembre.
« Nous manquons déjà de place, témoigne Charlotte Éloy, responsable de La Chadenède, un espace avenue Carnot à Alès où co-habitent plusieurs activités dont un lieu de co-working. Le coffee shop dans la cour, Le Corner, accueille régulièrement une clientèle qui n’hésite pas sortir son portable ou sa tablette pour travailler ».
Au premier étage de la médiathèque Alphonse Daudet, l’ambiance est plus studieuse et l’espace de co-working envahi par les étudiants et quelques professionnels.
- La Chadenède – 47, avenue Carnot
- Le Good Place – 197B chemin sous Saint-Étienne
- Médiathèque – 24, rue Edgar Quinet
Patrick Cathelineau, DGS d’Alès Agglo : « Les personnes fragiles sont prioritaires »
Selon une étude de la Direction générale de l’administration et de la fonction publique, 4,95 % d’agents étaient en télétravail en 2018 pour l’administration territoriale en France.
Comment s’organise le télétravail pour les agents d’Alès Agglomération ?
Les réponses de Patrick Cathelineau, directeur général des services de la collectivité.
Depuis le début de l’année, et avec la crise sanitaire, nous observons une accélération du mouvement concernant le télétravail au sein d’Alès Agglomération. Notre volonté est d’abord d’établir un cadre bien défini qui doit être validé en Comité technique et accepté également par les partenaires sociaux. Les agents pouvant télétravailler sont en priorité les personnes dites “fragiles” au regard des risques liés à la Covid et les cas contacts.
Depuis le 26 octobre, cent licences volantes (1) ont été déployées autorisant donc cent agents de la collectivité à télétravailler. Le télétravail est possible deux jours par semaine, l’objectif est de trouver un bon équilibre entre présence avec son équipe et travail à domicile. La réflexion que nous avons lancée est un travail de fond qui doit permettre aux agents comme à l’organisme de réussir cette transition. Il faut bien poser les règles du jeu afin que cette nouvelle forme de travail puisse se faire dans la durée et que les missions des agents ne souffrent pas d’un manque de préparation.
Pour l’heure, en attendant la mise en place d’un parc matériel dédié au télétravail, les agents utilisent leur matériel personnel. Il s’agit bien évidemment de métiers de bureau dont l’outil principal est l’ordinateur.
1 – Une “licence volante” autorise un agent à accéder aux serveurs sécurisés de du réseau intranet de la collectivité depuis le réseau internet.