Si la crise sanitaire liée au Covid-19 a mis un coup d’arrêt brutal à l’activité économique, elle a également stimulé la capacité d’innovation des chefs d’entreprise.
À l’image de Frédéric Burgals, directeur de l’usine Sika implantée aux Salles-du-Gardon, qui en l’espace des quinze premiers jours de chômage partiel a totalement réinventé son outil de production et a ainsi pu remettre sa vingtaine de collaborateurs au travail. « Au-delà de la reprise d’activité, nous souhaitions avant tout trouver un moyen de participer à l’effort général, avec uniquement les matériaux et les outils que nous avions sous la main parce qu’il faut bien se rendre compte qu’il y a pénurie de tout ! », soutient-il.
Et l’idée de fabriquer des masques de protection a fait son chemin : « Un masque c’est relativement simple : c’est de la matière et un élastique. »
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Deux semaines de travail de recherche et mise au point
De la théorie à la pratique, cela se corse néanmoins un peu lorsque l’on est une entreprise spécialisée dans la fabrication de matériaux de construction (bétons secs décoratifs, colorants poudres, fibres synthétiques, enduits, colles, mortiers, joints, etc.) … Deux semaines de travail, « jour et nuit », ont été nécessaires pour la recherche et la mise au point du masque made in Alès Agglomération.
Pour la matière constituant le masque, Frédéric Burgals a rapidement trouvé la solution : un polyester non-tissé qui est au catalogue pour servir d’écran de séparation lors de l’étanchéification des toitures. « Cette matière présente une belle densité de 300 g/m² et ne contient pas de substances qui sont susceptibles d’être libérées. » Une machine dédiée en temps normal à la fabrication de pochoirs décoratifs a été reconvertie en urgence pour la découpe de ce tissu. Celui-ci est ensuite mis en forme à l’aide d’une soudeuse à ultrason acquise spécialement par l’usine.
« Le plus délicat, c’était de recréer les élastiques, avoue Frédéric Burgals. Après de nombreux essais, nous avons retenu un joint silicone en pâte qui, au final, présente des caractéristiques similaires au caoutchouc ». Un bras robot dépose avec précision le silicone en cordon qu’il faut laisser sécher.
Fin avril, le masque de Sika a passé tous les tests officiels avec succès : les performances de filtration des particules et de perméabilité à l’air ont été validées dans les laboratoires de la Direction générale de l’Armement (DGA). La respirabilité a quant à elle été approuvée par l’Institut français Textile & Habillement (IFTH).
Une démarche solidaire pour une vente à prix coûtant
La reconnaissance de la qualité et de la performance par les autorités françaises compétentes a donné le top départ de la production le 4 mai. « Quand nous serons à plein régime, nous pourrons sortir 20 000 masques par jour », assure Frédéric Burgals, qui a également sécurisé l’accès à son usine. Mais qu’on ne s’y méprenne pas, la démarche du chef d’entreprise n’est pas commerciale : « Nous sommes vraiment dans une approche solidaire : nous n’avons pas de clients, mais des partenaires. C’est à eux seuls que nous dédions notre production et nous leur vendons les masques à prix coûtant ».
La commande, qui est pour le moment de 120 000 masques “barrière”, est donc destinée à Alès Agglomération, à l’École des Mines d’Alès et à toutes les usines européennes du groupe Sika. « En effet, en plus de nos 150 000 masques “barrière” en tissu, nous avons effectivement passé une commande complémentaire de 60 000 masques fabriqués par Sika et destinés à la population, révèle Max Roustan, président d’Alès Agglomération. C’est d’abord un moyen de soutenir l’économie locale. Mais c’est aussi l’opportunité pour la collectivité de constituer un stock de réserve. À l’heure où les fournisseurs du monde entier sont incapables de vous assurer le respect des délais de livraison, voire carrément les livraisons, nous, nous pouvons aller aux Salles-du-Gardon nous approvisionner, nous savons qu’ils sont produits ! »