Déconfinement
Depuis le 11 mai, le déconfinement entraîne la réouverture de certaines structures ou magasins, mais impose aussi de nouvelles modalités de fonctionnement.
Vie quotidienne, déplacements, commerces, loisirs, accueils des enfants, animations sportives et culturelles : faisons le point sur ce qui est ouvert, fermé, annulé, maintenu ou reporté pour les mois à venir.
« Le Pôle Patrimoine regroupe 70 agents maîtrisant des métiers très divers : nous avons des électriciens, des serruriers, des menuisiers ou des plombiers et nous disposons aussi d’un bureau d’études. Nos savoir-faire multiples ont été fortement sollicités ces dernières semaines, mais nous avons l’habitude de travailler sous pression. Nos armes, nous les avons faites au fil du temps, à l’occasion de grands rendez-vous festifs comme la Feria ou, plus grave, lors des inondations.
Nous avons rendu possibles tous les aménagements d’urgence lors de cette crise sanitaire. Sans notre intervention, le déménagement temporaire de la maison médicale dans le gymnase de la Prairie, au moment de l’apparition de l’épidémie de Covid-19, n’aurait sans doute pas été possible dans des délais aussi courts.
Ensuite, nous avons dû aménager l’accueil de nuit d’urgence dédié aux sans-abris qui a été déplacé à l’ancien IME de Rochebelle. Un pari que nous avons relevé en 72 heures, malgré les difficultés à nous procurer certains matériaux dont nous avions besoin…
Notre Pôle a aussi équipé vingt et un lieux publics en distributeurs de gel hydroalcoolique fabriqués par l’entreprise alésienne Citynox.
Préparer la réouverture des écoles
Avant le déconfinement, nous sommes intervenus dans les écoles d’Alès pour préparer le retour des enfants et des enseignants le 14 mai : nous avons matérialisé des cheminements visant à faire respecter les distances de sécurité, nous avons aussi réinstallé une centaine de distributeurs de savon aux lavabos, sans compter tout ce qui nous est demandé en plus par les enseignants.
Le Pôle Patrimoine veille sur 450 bâtiments d’Alès Agglomération. Si nous œuvrons souvent dans l’ombre, je suis convaincu que nous constituons un rouage essentiel au bon fonctionnement de la collectivité, toujours au service du public ».
« Avec mes sept autres collègues, nous visitons une quarantaine de patients chaque semaine : ce sont principalement des personnes âgées ou handicapées. En temps normal, selon les soins et les pathologies, nous les voyons deux à trois fois par jour.
La crise sanitaire, avec les gestes “barrière” et les protections nécessaires à la limitation de la propagation du Covid-19, a perturbé le comportement de tout le monde, moi la première. Au début du confinement, la situation était assez déstabilisante et il a fallu s’adapter. Le relationnel est primordial dans mon métier : comme mon sourire est caché derrière le masque, j’essaye de compenser avec des gestes rassurants et un regard chaleureux.
Nous devons également faire davantage de pédagogie : nous évoluons sur un terrain très sensible, car notre travail touche les gens au cœur. Les familles séparées des leurs, ce n’est pas une situation facile à vivre. J’apprécie bien sûr la reconnaissance de nombreuses personnes et les applaudissements aux balcons à 20 heures, mais je ressens aussi parfois de l’appréhension dans le regard des gens lorsqu’ils me croisent, surtout habillée comme je le suis durant les visites (masque, sur-blouse et gants, NDLR).
Une vigilance de tous les instants, même après le déconfinement
Avec le déconfinement, et sans doute le retour des familles auprès de leurs proches, il va falloir redoubler de précautions et de pédagogie. Ces nouvelles pratiques de protection vont probablement se poursuivre encore quelques mois ; il faut être patient et compréhensif, c’est important pour la santé des plus fragiles. C’est pourquoi j’insiste souvent autour de moi sur le fait qu’il est capital de respecter les consignes de protection et les gestes “barrière” pour rester prudent, même après le 11 mai. »
« Lors d’événements exceptionnels météorologiques, technologiques ou sanitaires de type pandémie comme nous le vivons actuellement, je suis affectée à la main courante de la cellule Coordination, au sein de la cellule de crise de la Ville d’Alès.
Cela consiste notamment à noter, au quotidien et durant toute la crise, les échanges et les informations des différentes cellules et de leurs responsables qui transitent par la cellule Coordination. Ce sont toutes ces infos qui permettent au maire de prendre les décisions.
La cellule de crise est composée, entre autres, de sept cellules : “sécurité”, “technique”, “accueil”, “hébergement d’urgence”, “logistique”, “social & relogement” et “communication”.
Je vis très bien la situation actuelle, car il est toujours intéressant de participer à un événement d’une telle ampleur et à une organisation ayant pour objectif la sécurité de tous.
Une cellule de crise face à un événement unique en son genre
De manière générale, la cellule de crise est activée de jour comme de nuit, en semaine et le week-end, pour des événements météorologiques (pluie-inondation, orages, neige, vent violent) qui sont plus fréquents, mais plus courts dans le temps (généralement quelques jours, NDLR).
Pour faire face à la crise sanitaire que nous vivons, elle a été activée en mairie d’Alès le 25 février et fonctionne depuis 7 jours/7. C’est la première fois que la cellule de crise est activée sur une durée aussi longue. Et elle le restera jusqu’à la fin de l’événement… Pour mémoire, la première fois où la cellule de crise a été activée pour raison sanitaire, c’était en 2009, pour l’épidémie de grippe A (H1N1).
La crise sanitaire et son étalement dans le temps nous permet d’avoir des journées de travail plus classiques que lors d’événements météorologiques, mais elle a malgré tout un réel impact sur les missions quotidiennes du service Prévention des Risques Majeurs où quatre personnes à temps plein et une personne à mi-temps travaillent toute l’année. Même si la majorité des missions a dû être mise de côté et prend beaucoup de retard, certaines missions administratives, financières ou de marchés publics doivent impérativement être assurées. Cette organisation en “mode dégradé” nous a ainsi amenés à réaliser et adopter, le 17 mars dernier, dès le confinement, un Plan de Continuité d’Activité (P.C.A.) comportant l’ensemble des mesures visant à assurer le maintien des missions essentielles de service public.
L’une des premières actions à effectuer à la fin de cette crise sera la rencontre de tous les acteurs ayant participé à la gestion de la crise afin de réaliser un retour d’expériences qui servira de base à la mise à jour de notre Plan Communal de Sauvegarde (P.C.S.), approuvé le 16 septembre 2019. »
« La Régie des eaux de l’Agglomération d’Alès (RéAAL), créée le 1er janvier, gère l’eau potable et l’assainissement dans 60 communes de l’Agglo. Certes, notre calendrier de missions a été bousculé par la crise sanitaire, mais c’est aussi pour nous l’occasion de démontrer notre rôle indispensable : sur le terrain, nous assurons des missions de prévention et d’entretien ou de réparation permettant de faire couler l’eau aux robinets de 121 000 habitants d’Alès Agglomération. Nous nous assurons également de la collecte et du traitement des eaux usées.
Nous nous sommes donc organisés pour mener à bien ces missions essentielles, quelle que soit la durée de l’épidémie, et pour traiter toutes les urgences techniques.
Les 80 agents sont tous mobilisés, sur le terrain comme à l’administration
Comme en temps normal, nos équipes techniques peuvent intervenir 7j/7 et 24h/24. Les agents de terrain prennent leur poste à partir de chez eux et sont envoyés en missions grâce à des outils numériques et à un contact permanent avec la direction.
D’un point de vue administratif, nous devons faire face à une importante charge de travail : le service est tout neuf pour nos 65 000 abonnés et c’est plus de 300 appels par jour que la RéAAL reçoit. Nous devons prendre du temps pour expliquer aux nouveaux abonnés les modalités de notre fonctionnement et répondre à toutes leurs questions.
Les chantiers ont repris depuis le 25 avril
Par ailleurs, économiquement, nous sommes au cœur des plus gros volumes financiers de l’Agglomération : le remplacement des canalisations usagées pour la distribution de l’eau comme pour l’assainissement collectif concentre des chantiers d’une importance capitale pour les entreprises du territoire.
Depuis le 25 avril, certaines opérations de renouvellement de conduites d’eau ont repris sur Alès et La Grand-Combe, de même que certains chantiers de réhabilitation du réseau d’assainissement collectif, comme à Boucoiran-et-Nozières. À partir du 11 mai, nous allons progressivement revenir à la normale.
Dans cette crise sanitaire, le rôle de la RéAAL s’est révélé aussi indispensable pour les habitants que pour les entreprises d’Alès Agglomération. »
« Je suis le directeur du Mas Sanier depuis 2017, après avoir été animateur Jeunesse pendant trois ans. Depuis le début du confinement, nous accueillons sur ce site les enfants des personnels soignants les mercredis, week-ends, jours fériés et durant les vacances scolaires. Selon les jours, nous accueillons entre deux et dix enfants de trois à seize ans sur des horaires flexibles adaptés aux contraintes des parents ; lors les vacances de Printemps, c’est monté jusqu’à dix-sept enfants.
Sécurité optimale
Nous prenons bien sûr toutes les précautions indispensables, avec des groupes de cinq enfants maximum, encadrés par un animateur qui porte un masque. Les groupes ne se croisent jamais, car ils évoluent loin les uns des autres dans le parc de cinq hectares ou, s’il ne fait pas beau, dans des bâtiments séparés. Et nous avons même des talkies-walkies pour aller aux toilettes de façon à ce que les enfants ne puissent pas s’y rencontrer ! Chaque groupe prend ses repas dans une salle indépendante. Il y a des points d’eau, du savon et des lingettes dans chaque pièce. Tous les objets et les espaces sont désinfectés chaque soir et les animateurs alternent deux jours de travail et dix jours d’arrêt pour limiter les risques.
Des échanges intéressants
Les circonstances sont compliquées, mais les enfants vivent assez bien la situation et les échanges restent intéressants. Nous organisons des jeux sans contact, surtout à l’extérieur, par exemple des parties de cache-cache ou du ping-pong. À l’intérieur, nous proposons des dessins, de la fabrication d’animaux avec des perles, des jeux de société. Nous nous sommes bien adaptés à la situation, les animateurs sont très impliqués et les parents sont contents du service de garde rendu par la Ville et par Alès Agglomération ; ils n’hésitent pas à nous complimenter. Le petit plus, c’est que des enfants qui ne seraient jamais venus au Mas Sanier en temps normal apprécient d’être là et nous disent qu’ils reviendront “après”. »
« D’ordinaire, nous sommes une douzaine de jardiniers-paysagistes à nous occuper des espaces verts du secteur Ouest d’Alès. Ce secteur va du Rieu à Bilina. Mais l’apparition de l’épidémie de Covid-19 a largement bouleversé notre fonctionnement : nous avons choisi de ne conserver sur le terrain que cinq agents, parmi les plus jeunes, afin d’assurer l’entretien de onze hectares composés de cinq jardins publics (Bilina, musée PAB, parcs Mestre et Villa 2000 et la Tour Vieille, NDLR), mais aussi de nombreux autres massifs.
Penser à l’après-confinement
Dans le contexte sanitaire que nous traversons, notre rôle peut apparaître comme secondaire aux yeux des gens, mais conserver une ville colorée et fleurie pendant cette période incertaine est important pour l’image qu’elle renvoie à ses habitants. Ça fait du bien au moral quand on sort faire ses courses de première nécessité.
Et puis, il est judicieux de penser à l’après-confinement ! Si nous n’intervenons pas régulièrement, les végétaux vont pousser de façon désordonnée. Il faudrait alors consacrer beaucoup de temps, d’énergie et de moyens financiers pour retrouver un entretien normal. Un entretien que les habitants plébiscitent d’ordinaire et qui fait notre renommée (la Ville d’Alès détient le label 4 Fleurs depuis 2008, NDLR).
D’autant plus que nos méthodes de travail ont beaucoup évolué depuis que la municipalité a choisi de se passer de pesticides. Cela nécessite un engagement de nos équipes plus important et sans discontinuer, tout au long de l’année.
Actuellement, nous préparons les sols avant de planter les fleurs fournies par la serre municipale. Si tout va bien, celles-ci seront prêtes au moment du déconfinement fixé au 11 mai… »
« La fonction d’aide-ménagère consiste à assister, à domicile, des personnes handicapées ou âgées qui ne peuvent pas accomplir elles-mêmes les tâches domestiques du quotidien. Concrètement, nous faisons le ménage et les courses, nous préparons les repas ou remplissons quelques démarches administratives. Nous sommes une trentaine au CCAS d’Alès à effectuer ce métier.
Nous passons à chaque fois deux heures avec ces personnes fragilisées, cela deux à trois fois par semaine. Nous tissons souvent une relation étroite avec elles, car nous sommes des fois la seule personne qu’elles voient de la semaine… Pour certains, nous faisons presque partie du cercle familial ! Vous imaginez donc bien que la période de crise sanitaire actuelle a rendu notre rôle encore plus important. C’est pour eux une situation très difficile à vivre.
De nombreuses précautions pour ne pas transporter le virus
Notre métier demande beaucoup d’attention, mais aussi de compréhension. Il est très prenant et l’épidémie de Covid-19 en a compliqué l’exercice : il nous faut être très prudentes, nous qui venons de l’extérieur, de ne pas apporter le virus.
Même si nous avons déjà l’habitude d’être très attentifs aux mesures d’hygiène, nous devons multiplier les précautions : masque, gants, gel hydroalcoolique, mais aussi lingettes désinfectantes se sont rajoutés à notre panoplie.
Malgré toutes ces précautions, dans ce contexte sanitaire insolite, j’ai souvent une appréhension au moment de partir travailler. Et quand je rentre à la maison le soir, j’évite tout contact trop rapproché avec ma famille. Il m’en coûte beaucoup d’agir ainsi, mais c’est aussi pour les protéger du virus ».
« Nous nous sommes réorganisées au sein du N° Vert. Habituellement, quatre agents reçoivent et traitent les 350 appels quotidiens. En ce moment, nous effectuons un roulement d’une semaine sur deux à trois agents et restons disponibles en cas de besoin. Nous travaillons chacune dans un bureau à Mairie Prim’ et notre quotidien a quelque peu changé…
Le confinement a réduit les sorties et les activités des habitants, nous recevons donc moins d’appels pour des interventions sur voirie ou pour des problèmes de bacs à ordures ménagères, d’incivilités ou de démarches administratives. Nous avons bien encore quelques appels pour régler des problèmes de voisinage, mais globalement, nous ressentons que les tracas habituels ont été mis un peu entre parenthèses.
En revanche, la majorité des appels concerne les questions sociales et de sécurité : il y a beaucoup de demandes d’information au sujet des masques, par exemple, ou après un message du maire diffusé dans les médias. Beaucoup d’angoisses sont également exprimées. Et puis les personnes âgées nous contactent souvent : elles ont besoin d’aide ou de soutien dans leur vie quotidienne, parfois même d’une simple écoute. Avec la crise sanitaire, nous avons des conversations plus longues avec les usagers.
Un besoin de réponses instantanées
Si mon travail consiste en temps normal à demander l’intervention d’un service de la collectivité sur le terrain ou à orienter les citoyens vers les services qui vont s’occuper de leur demande, en ce moment, il s’agit davantage d’apporter des renseignements directs, instantanément.
C’est difficile de répondre à cette exigence, parce que nous ne sommes pas des journalistes ni des travailleurs sociaux, nous n’avons pas forcément toutes les réponses à disposition. Nous nous appuyons beaucoup sur le site ales.fr, car il propose de nombreuses informations qui répondent à la plupart des questionnements des citoyens, avec notamment un fil d’info mis à jour en continu et une Foire aux questions (FAQ). »
« Je suis ripeur, ce qu’on appelait auparavant éboueur, mais je suis aussi parfois chauffeur quand le titulaire du poste est absent. Je fais partie des agents d’Alès Agglomération qui enlèvent quelque 42 000 tonnes de déchets ménagers par an.
Avec l’apparition de la pandémie de coronavirus Covid-19 et le confinement, nous avons la surprise de trouver, collés sur le couvercle des conteneurs, des messages de remerciement et de soutien. Ça fait chaud au cœur, parce que c’est la première fois que ça nous arrive et nous avons donc l’impression que les habitants pour qui nous nous levons chaque matin ont davantage conscience de l’importance de notre rôle. Alors oui, c’est un travail exigeant, parfois dénigré, mais nous pouvons en être fiers !
Un renforcement des mesures d’hygiène
À Alès, nous sommes quatre-vingts agents, répartis par équipages de trois agents, à effectuer les tournées de ramassage du matin. La crise sanitaire a bien entendu modifié nos méthodes de travail, même si nous étions déjà très sensibles aux questions d’hygiène de par notre mission.
Au début de l’épidémie, nous avons reçu une sensibilisation sur les gestes barrière et durant les tournées, comme nous sommes trois dans la cabine, nous gardons nos masques et évitons de parler.
Nous sommes aussi tous équipés de gants spécifiques et une bouteille de gel hydroalcoolique est facilement accessible dans le camion. En rentrant au dépôt de Bruèges, à la fin du service, nous nous débarrassons de nos tenues de travail qui partent au nettoyage et des douches sont à notre disposition.
Les horaires de prise de service ont été un peu chamboulés en raison de l’épidémie. De coutume, nous commençons à 5h du matin. Mais pour minimiser le nombre de personnes présentes simultanément au dépôt, les horaires de prise de service s’échelonnent actuellement de 4h30 à 5h15, en fonction des tournées ».
« Voilà deux ans que je suis agent de propreté au service de la Ville, je nettoie les rues du Faubourg du Soleil et des Prés-Rasclaux, à raison de 8 à 9 km de marche par jour.
Avec le confinement, mon métier a changé. D’abord, je travaille de 8h à 12h alors que, normalement, je commence à 5h30. Ensuite, les rues sont bien plus propres depuis que les gens restent chez eux : moins de papiers, moins de canettes de bière et de bouteilles vides, moins de seringues ; en revanche je ramasse beaucoup plus de crottes de chiens et de mégots. Je trouve aussi des masques et des gants usagés, ça c’est nouveau, c’est incroyable que certains les jettent par terre…
J’aime bien ce métier parce que j’ai conscience de son utilité. Sans notre travail, la ville serait beaucoup moins agréable. En plus, je suis dehors et je peux discuter avec les habitants. À force de sillonner les mêmes rues, je me suis fait de bonnes relations. Cela dit, aujourd’hui, on me parle beaucoup moins, les gens se méfient, je vois vraiment la différence.
Bien protégé
Bien sûr, je respecte les mesures barrière et la collectivité nous a bien équipés avec un masque à visière. J’ai aussi mes gants, ma tenue jaune et ma pince pour ramasser les déchets, je me sens protégé. Le soir, je désinfecte tout mon matériel.
Comme il y a nettement moins de circulation, je revis… Je respire beaucoup mieux sans ces odeurs écœurantes de gaz d’échappement. Et je risque moins ma vie sur les passages piétons !
Au total, l’ambiance générale a changé : il arrive que des riverains me remercient. La semaine dernière, une mamie m’a dit : « Merci pour ce que vous faites » ; ça m’a vraiment touché…
« Nous sommes dix-huit auxiliaires de vie au CCAS d’Alès. Nous allons chez les particuliers, affaiblis par l’âge ou le handicap, pour leur confectionner des repas, faire des courses, remplir des tâches administratives ou les aider à effectuer une toilette. Des petits gestes de tous les jours devenus, pour ces personnes, quasiment irréalisables sans notre présence. Il faut apprendre à connaître ses interlocuteurs pour gagner en confiance et en efficacité.
Avec mes collègues, nous sommes désormais la seule visite de la journée pour les personnes âgées ou souffrant d’un handicap que nous suivons au quotidien. Depuis le début de la période de confinement, les familles ne peuvent plus venir voir leurs aînés, donc nous sommes les seules à rompre leur isolement. C’est dire si l’importance de notre mission est accrue.
L’épidémie, une pression supplémentaire
Si nous effectuerons les mêmes gestes techniques qu’en temps normal, l’épidémie de Covid-19 nous impose des règles de désinfection encore plus drastiques que de coutume. Il faut faire en sorte de ne pas transmettre le virus, en portant systématiquement des gants, des lunettes de protection et un masque (fournis par la Ville d’Alès), en désinfectant avec le plus grand soin notre plan de travail mais aussi les interrupteurs, les poignées de porte et l’intérieur de notre véhicule, Il nous faut non seulement protéger les personnes chez lesquelles nous intervenons, mais aussi nous protéger nous-mêmes. Cet équipement supplémentaire que nous devons porter toute la journée, notamment le masque, est une pression supplémentaire qu’il nous faut accepter.
Ce qui me manque le plus actuellement, c’est de pouvoir serrer les miens dans mes bras en rentrant du travail. Mais ce virus est impitoyable et il nous faut aussi penser à préserver nos familles. »
« Lorsque nous avons été obligés de fermer le foyer de l’Abbaye et les salles de convivialité des résidences partagées de Silhol et des Santolines, nous avons tout de suite décidé de créer une veille téléphonique. Il n’était pas envisageable de laisser nos seniors dans l’isolement.
Avec Françoise, Isabelle, Yamina, Véronique et Brigitte, nous sommes six à nous relayer pour téléphoner chaque semaine, week-end inclus et même le soir si nécessaire, afin de prendre des nouvelles de nos résidents et usagers. Actuellement, nous avons 124 personnes à contacter, qui ont entre 66 ans et 96 ans, et la liste s’étoffe de jour en jour car des seniors isolés n’ayant personne à qui parler s’adressent au CCAS pour être appelés.
20 à 30 minutes par appel
En général, nous les joignons trois fois par semaine pour prendre de leurs nouvelles, évaluer leurs besoins, donner des informations sur la Maison médicale de garde, les pharmacies, les commerces qui livrent les courses, etc.
Au fil des semaines, le temps de parole s’allonge. La première semaine, chaque appel durait environ cinq minutes ; depuis la troisième semaine, un appel prend 20 à 30 minutes par personne ! Nous passons des journées entières au téléphone. Les gens ont de plus en plus besoin d’écoute, ils sont plus soucieux, pour eux et aussi pour leur famille. Nous gardons également le contact avec les proches des résidents, qui ont besoin de soutien en cette période difficile.
Créer du lien
Chaque entretien est personnalisé, on reprend la conversation là où elle en était restée, on parle de la difficulté de cette situation inédite, de leurs proches, de leurs repas, de leurs lectures, du beau temps… L’essentiel, c’est de créer un échange, d’entretenir un lien. Nos seniors sont très heureux d’être appelés et c’est un plaisir partagé.
Notre équipe est solidaire, comme l’ensemble des équipes du CCAS ; c’est ce qui nous permet de tenir le choc moralement. Je vis ce travail avec enthousiasme mais j’ai hâte de revoir mes résidents : le contact physique et le terrain me manquent. »