Économie

Les précieux savons d’Osmaline

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Valérie Bertin a ouvert à Anduze son laboratoire et sa boutique. Faisant la part belle aux produits locaux, elle incarne un artisanat traditionnel dépoussiéré qui sent bon le savon…

La jolie devanture verte d’Osmaline colore encore un peu plus la place Couverte d’Anduze.

Inaugurée le 15 juin dernier, la savonnerie traditionnelle est un poétique mélange entre un savoir-faire d’antan manié avec passion, des recettes délicieuses de savonnettes et l’utilisation de composants locaux. Cette boutique, c’est celle de Valérie Bertin, habitante de Bagard attachée à sa région. « J’ai choisi de travailler avec des produits locaux pour rester dans la logique de ma démarche et fabriquer des savons made in Gard et made in Anduze », précise la gérante. Parmi ses ingrédients locaux phares : la spiruline Arc-en-ciel de Saint-Christol-lez-Alès, le miel des abeilles noires des Cévennes dont la savonnière se fournit «  aux Plantiers », ou encore, le laît d’ânesse de Villesèque. Pour « limiter l’impact sur la nature et notamment les gaz à effet de serre », Valérie recherche elle-même des fournisseurs « aussi proches que possible ».

Lorsqu’on pousse la porte d’Osmaline, les douces odeurs de savon ne tardent pas à venir caresser nos narines. Au fond, derrière une verrière, se trouve le laboratoire où les clients peuvent voir l’artisane confectionner ses savonnettes avec maîtrise et délicatesse. Si celle a opté pour un labo visible de tous, c’est parce que « cela concrétise pour la clientèle que les savons sont bien fait main à Anduze. » Conçus grâce à la technique de la saponification à froid, les savons de Valérie sont le résultat d’une réaction chimique soigneusement calculée entre des huiles végétales et de la soude caustique. Un procédé qui permet de laisser du surgras au savon, de produire naturellement de la glycérine, et donc de reconstituer le film hydrolipidique de la peau après la douche. L’objectif étant d’éviter « les sensations de tiraillements sur la peau ». Environ 24 heures après le mélange, c’est le moment de la découpe. Puis, les savonnettes partent en direction de « la cure », pour une période de séchage d’environ 4 semaines, avant de pouvoir être installées sur les étals colorés de la boutique. « C’est un peu comme l’affinage pour un bon vin ou un fromage », explique la savonnière, amusée.

Une nouvelle voie

Osmaline, c’est aussi un projet fou de reconversion. Celui de toute une vie. Infirmière en milieu hospitalier pendant 25 ans, Valérie découvre en 2019 qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Sans antécédents familiaux, elle se questionne sur l’origine de sa maladie et s’interroge finalement sur le cocktail de produits d’hygiène industriels qu’elle utilise quotidiennement. Cette mère de famille décide alors de fabriquer son propre déodorant, puis son propre savon. De cette expérience, elle se découvre une passion. « C’est une pratique très satisfaisante, car il y a un côté rigoureux dans le protocole hygiénique et la réaction chimique. C’est un petit peu l’infirmière qui parle… », évoque la bagardoise , «  mais aussi une grande liberté de création dans les formes, les couleurs et la décoration qui me plaît beaucoup ». Après seulement quelques mois d’activité, la savonnière fourmille d’idées. « J’ai déjà 17 recettes de savonnettes, et 3 de shampoings, mais j’en ai encore plein en tête ! ». Le début d’une belle aventure qui valorise les produits et le territoire grand-alésien.

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