Humour, danse, scène d’amour ou de violence, public, vernissage, rencontres avec les artistes, festivals, … En salle, sous chapiteau comme dans la rue, sur plateau, devant une œuvre comme devant un écran, les arts du spectacle et la culture en général sont l’essence même de la proximité, du vivre-ensemble des émotions. Cette crise sanitaire touche donc de plein fouet non seulement les artistes, dont l’activité est directement liée aux représentations, mais également tout l’écosystème qui les soutient et les diffuse.
Le déconfinement du 11 mai ne sonne pas pour eux la fin des restrictions. Le contrecoup s’annonce long et douloureux. C’est tout un univers et son fonctionnement qu’il faut réinventer.
30 % de baisse de fréquentation dans les musées pour 2020
Après huit semaines de fermeture, le musée Pierre André Benoit accuse une baisse de 20 % de sa fréquentation. « Sur l’année 2020, nous aurons peut-être une baisse de l’ordre de 30 %, annonce Carole Hyza, directrice des musées d’Alès Agglomération. À PAB, 70 % de la fréquentation sont constitués par les visites scolaires ». L’exposition Jean Arp prévue cet été étant annulée (les deux tiers des œuvres devaient venir de Suisse et d’Allemagne), les visiteurs pourront profiter, gratuitement, des collections permanentes réinstallées.
Idem pour les groupes adultes attendus à Maison Rouge : l’arrêt total des visites est un coup dur. « Cependant, nous sommes parmi les lieux culturels qui peuvent accueillir le plus facilement le public, soutient Carole Hyza. Nous sommes en mesure de nous adapter rapidement en fonction de la demande tout en respectant les consignes sanitaires ».
Depuis le 11 mai, l’accrochage de l’exposition “Sauvages”, à Saint-Jean-du-Gard, est terminé. Les artistes ont accepté de prolonger l’expo jusqu’à fin septembre. Le musée des Vallées cévenoles espère accueillir les premiers groupes de visiteurs rapidement. « Notre fréquentation la plus importante, nous la faisons généralement en été, avec les touristes étrangers. Cette année, nous comptons sur les visiteurs locaux et ceux des départements limitrophes », abonde Carole Hyza.
Contact
La cellule de crise de la Ville d’Alès
est activée depuis le 25 février et surveille la situation heure par heure.
- Téléphone : 0800 540 540
- Courriel : numero.vert@ville-ales.fr
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Déconfinement
Depuis le 11 mai, le déconfinement entraîne la réouverture de certaines structures ou magasins, mais impose aussi de nouvelles modalités de fonctionnement.
Vie quotidienne, déplacements, commerces, loisirs, accueils des enfants, animations sportives et culturelles : faisons le point sur ce qui est ouvert, fermé, annulé, maintenu ou reporté pour les mois à venir.
L’exposition “Sauvages”, à Maison Rouge (Saint-Jean-du-Gard), est installée. Elle se poursuivra un mois de plus qu’initialement prévu.
Théâtre : des reports de spectacle pour une rentrée culturelle active
Au Cratère Théâtre, quinze spectacles n’ont pas pu avoir lieu. « Ce sont trente-cinq représentations. Toutes ont été reportées, ce qui promet une saison 2020-2021 consolidée », assure Denis Lafaurie, directeur de la scène nationale alésienne, inquiet de l’impact du Covid-19 sur l’écosystème culturel : « La chaîne de production et de coproduction emploie beaucoup de monde dans le spectacle et, au bout de la chaîne, il y a les artistes et les créateurs. Ils sont touchés de plein fouet par une crise où ce qui est l’essence même du spectacle, la proximité, est aujourd’hui devenu un problème. » Et de poursuivre sur l’envie de se remettre au travail : « Si l’étau se desserre, on peut imaginer une légère reprise en salle avec des rencontres. Nous maintenons la présentation de la prochaine saison le 15 juin sur les réseaux, avec pourquoi pas la présence en direct d’artistes sur le plateau. Il y a beaucoup de choses à inventer ».
The Amazing Keystone Big Band devait se produire en avril au Cratère Théâtre. Retrouvez cet orchestre hors du commun à la rentrée.
Un travail avec les artistes pour imaginer de nouvelles formes de spectacles
Même avec un été sans coronavirus et une reprise en septembre, il est difficile d’imaginer comment le public va souhaiter revenir sur le chemin des salles. Il y aura de la prudence, estiment tous les acteurs de la filière. « D’après le rapport Bricaire/Audiens, nous devrons réduire le nombre de personnes accueillies entre 200 et 300. Sur une salle de 800 places, cela peut dénaturer complètement un spectacle et son impact. Nous devons travailler avec les artistes pour imaginer de nouvelles formes de présentations ou de diffusion des spectacles, avec les moyens que nous avons. Pourquoi pas des captations en direct… ».
Denis Lafaurie reste donc optimiste et espère, fin août ou début septembre, accueillir quelques formations qui auraient dû se produire lors du festival Cratère Surfaces initialement programmé en juillet.
La culture marche sur un fil. Entre incertitudes et optimismes, les acteurs culturels locaux travaillent à la relance des activités sur le territoire depuis le 18 mai.
Les arts de la rue défendent une culture populaire créatrice de lien social
Depuis le 18 mai, le Pôle cirque national La Verrerie, avec une organisation drastique, a rouvert ses portes aux artistes qui, travaillant dans un objectif d’excellence, ont besoin de maintenir leur condition physique au meilleur niveau. « Le confinement a dévoilé que les artistes étaient au centre de la production et que la création artistique était au cœur du maillage territorial, soutient Sylviane Manuel, la directrice. L’outil informatique a permis de combler un vide, mais faire société, créer du lien social, ça ne se fait pas à distance. Nous sommes des humains, nous avons besoin d’être ensemble, côte à côte, pour rire, nous émouvoir. La présence physique du public avec les artistes, cette humanité-là, est irremplaçable. La Verrerie est un service public, nous sommes prêts à aller là où nous pouvons être utiles à ce maillage territorial. Déjà, des écoles et des collèges nous contactent pour savoir quel type de collaboration nous pouvons mettre en œuvre ou remettre sur les rails. C’est très positif ! »
La programmation 2020-2021 étant bouclée, il est prévu qu’elle soit présentée le 18 septembre et animée par deux compagnies qui ne pourront pas se produire à inCIRCus, prévu du 17 au 20 juin.
Les résidences ont repris le 18 mai avec des formations de petits formats au Pôle cirque national La Verrerie.
Dans les locaux de la compagnie Les Lendemains, à Champclauson, l’arrêt des résidences et de toutes leurs activités a également un impact sur le moral des troupes, comme le constate André Madrignac, le directeur : « Il faut s’attendre à des contrecoups jusqu’à fin 2021, mais qui ne peuvent pas encore être estimés aujourd’hui. Certaines compagnies vont disparaître dans les prochains dix-huit mois, ce qui aura fatalement un impact diffus pour tout le secteur : les artistes, les lieux de résidences et de diffusions, les organisateurs d’événements, les mairies, … Nous planifions une programmation estivale pour notre Cabaret de Champclauson, avec des artistes locaux ayant de petites structures. »
Pour le projet en cours du tiers-lieu culturel à Champclauson, rien n’est remis en cause : « Nos partenaires institutionnels nous soutiennent », assure André Madrignac.
Avec le déconfinement, et grâce à l’atelier de fabrication de structures, une partie de l’activité, même sur un secteur autre que le spectacle, peut donc reprendre. La compagnie Les Lendemains est aussi active dans les loisirs, notamment la rando VTT. « Avec nos capacités d’hébergement, nous pouvons faire face à une éventuelle baisse d’activité directement liée au spectacle ».
Le Cabaret de Champclauson espère recevoir du public cet été en respectant les consignes sanitaires et en invitant quelques petites compagnies locales.
Un été hitchcockien pour le 7e art
Le 38e Festival Cinéma d’Alès – Itinérances a été annulé une semaine avant son lancement. Une annulation de dernière minute qui porte une estocade aux finances : avec 48 000 spectateurs attendus, ce sont 160 000 € de recettes qui s’envolent sur l’édition 2020, près d’un tiers du budget du festival… « C’est également un coup dur pour l’économie locale. La culture est un marqueur important sur Alès Agglomération. L’absence des artistes a mis en lumière leur capacité à faire vivre un territoire », avance Antoine Leclerc, directeur général du festival alésien.
Le monde du cinéma reste à ce jour en attente des décisions gouvernementales qui seront annoncées début juin sur l’éventualité d’une réouverture des salles. « Comme au théâtre, rien ne remplace l’expérience. Notre mission est de rassembler le public, pour être ensemble, vivre en commun les émotions des créations cinématographiques, débattre et rencontrer les professionnels. »
L’équipe alésienne a bon espoir de maintenir le festival Ciné Été, dans son volet plein air sur les communes de l’Agglo, mais également au CinéPlanet où certaines avant-premières prévues au mois de mars pourraient alors trouver un créneau de diffusion.
Patience donc. Restez à l’affût des annonces sur les réseaux. Soutenir les acteurs culturels dans cette période difficile est essentiel. Tous vont redoubler d’efforts afin de proposer à la population une relance culturelle sur le territoire. Soyez au rendez-vous, car comme l’a dit Pablo Picasso : « Rien ne peut se faire dans la solitude ».
Se fera, se fera pas ? Le festival Ciné Été est suspendu aux futures décisions du Gouvernement, en espérant pouvoir organiser des séances de plein air dans les communes d’Alès Agglomération et des avant-premières au CinéPlanet d’Alès.