Les années passent et les pages continuent de se tourner… Le musée-bibliothèque Pierre André Benoit (PAB), inauguré le 14 janvier 1989, a été créé grâce à la donation de ses collections par l’imprimeur à la Ville d’Alès en 1986, de son vivant.
Homme discret, attaché à ses racines, PAB a fondé une communauté de passionnés autour de sa production de livres (plus de 700) et de sa collection d’œuvres d’art et de mobilier. « Il avait l’angoisse de voir son patrimoine éparpillé à travers des dons, des ventes ou autres. L’idée d’un musée a donc vite germé. PAB a souhaité qu’il se crée dans sa ville natale, se souvient Jean-Paul Martin, cousin germain de l’artiste et vice-président de l’association des amis du musée. PAB avait choisi Le château de Rochebelle, car cette maison ressemblait à celle de Rivières-de-Theyrargues (son lieu de travail et dernier lieu de vie, NDLR) ».
Un musée en l’honneur du livre illustré
Mais quelle place tient aujourd’hui cet écrin au service de l’art en Cévennes ? « L’objectif de PAB était de mettre en valeur le livre illustré, l’œuvre de toute sa vie », rappelle Carole Hyza, conservatrice des musées d’Alès Agglomération.
En donnant ses collections littéraires à la Bibliothèque nationale de France, sous réserve d’un dépôt de certains exemplaires au musée alésien, Pierre André Benoit gagne en reconnaissance auprès de ses pairs. « Il est sans doute l’un des éditeurs et imprimeurs les plus inventifs du XXe
siècle, mais il n’avait pas le culte de la personnalité », assure Jean-Paul Martin.
Depuis trente ans, les conservateurs qui se sont succédé à la tête du musée ont eu le souci impérieux de mettre en perspective le travail d’orfèvre de PAB avec celui des plus illustres artistes du XXe siècle auprès desquels il avait collaboré. Si cette tradition se perpétue ainsi depuis trois décennies, le musée PAB constitue également pour les habitants d’Alès Agglomération, et en particulier les plus jeunes, une fenêtre ouverte sur l’art, en lien avec son époque.
Trois questions à la conservatrice des musées de l’Agglo…
Carole Hyza : « Un musée de territoire »
Alès Agglo : Quelle est la politique culturelle du musée PAB ?
Carole Hyza : C’est un musée de territoire, ouvert à tous. Il apporte à la population, et en premier lieu aux jeunes, une ouverture de premier plan sur l’art et la culture. 50% du public du musée sont des scolaires, ce sont presque 10000 jeunes que nous recevons chaque année pour des visites, des parcours pédagogiques et des ateliers avec notre animatrice plasticienne, Sandrine Nguyen Dao. Quant aux expositions d’été, elles sont en lien direct avec PAB. L’objectif est de garder une cohérence avec l’esprit de l’artiste alésien. Nous nous attachons à conserver une relation avec l’art moderne (de la fin du XIXe siècle jusqu’en 1950, NDLR), ce qui n’empêche pas d’ouvrir le musée à des événements d’art contemporain.
A. A. : Quelle est la singularité du musée PAB ?
C. H. : La gravure et le papier sont des matériaux de prédilection dans les présentations du musée. PAB était un artisan du livre d’artiste : il ne s’agit pas de livres de librairie, mais bien d’œuvres d’art tirées à très peu d’exemplaires. C’est une chance d’être un musée-bibliothèque, car près de 400 exemplaires des livres de PAB, sur les 700 qu’il a réalisés et donnés à la Bibliothèque nationale de France, sont déposés ici, à Alès. Selon le souhait de PAB, nous mettons donc en valeur son travail et celui des nombreux artistes qu’il a rencontrés.
A. A. : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
C. H. : La partie immergée du travail des équipes consiste à valoriser la collection auprès des professionnels en créant des échanges avec d’autres structures. L’avenir du musée ne peut pas se réduire à organiser et présenter des expositions… Cette ambition nécessite la création d’un catalogue numérique, par exemple, afin de le partager avec la profession. De même que la conservation préventive, l’entretien et la restauration des œuvres font partie des missions du musée.
Carole Hyza, conservatrice des musées de l’Agglo.
Pierre André Benoit, l’homme-orchestre
Né à Alès, Pierre André Benoit (1921-1993) est peintre, sculpteur, écrivain, imprimeur et illustrateur tout à la fois. L’homme travaille avec les plus grands peintres et poètes du XXe siècle, il noue même avec certains d’entre eux de fortes relations d’amitié.
Dès 1941, PAB peint et dessine. Il se consacre à partir de 1946 à l’imprimerie et illustre de plus en plus ses livres lui-même, de 1965 à sa mort. PAB innove, invente, simplifie les techniques d’impression dans un esprit de sobriété de moyens, de rapidité d’exécution en jouant avec les couleurs et les formes. Dans sa volonté de maîtriser l’ensemble de la fabrication des livres, PAB s’isole et crée autour de lui un cercle d’initiés, parmi lesquels Arp, Picasso, Miró, Picabia, Hugo, …
Son œuvre est notamment marquée par ses “minuscules” : des petits formats que PAB affectionne et qui imposent aux artistes de réaliser des œuvres avoisinant le centimètre, parfois moins.
Aux bons amis de PAB
En juillet 1992, dans le premier numéro du bulletin d’informations édité par l’association des amis du musée, Patrick Jourdan, le premier conservateur, appelle les membres de l’association à « être acteurs plus que spectateurs ».
L’association, constituée aujourd’hui de 277 adhérents, favorise les relations entre le musée PAB et le public, les amateurs et les collectionneurs, notamment les bibliophiles de tous poils : « Il existe une collaboration fondamentale avec les conservateurs afin de promouvoir la politique culturelle du musée tout en enrichissant le fonds, selon la volonté de PAB lui-même », argumente Jean-Paul Martin, vice-président.
La librairie-boutique du musée propose les publications de l’association, ainsi que des livres, des livres d’artistes, des estampes et autres produits d’édition. « Nous organisons également des voyages culturels dans les musées de la région, à Aix, Rodez, Nîmes ou Montpellier », explique Mireille Greff, secrétaire du bureau. Enfin, l’association réserve à ses adhérents quelques privilèges comme les invitations aux vernissages, l’accès aux visites commentées et la gratuité ou des réductions dans une vingtaine de musées de la Région.
Il existe différents types d’adhésions : du niveau le plus simple au statut de “membre bienfaiteur”.
- Tarifs : de 19 à 150 €.
- musee.pab.am@ville-ales.fr
30 ans, ça se fête !
- Dans les écoles, les collèges et les lycées
Pour les 30 ans du musée PAB, l’équipe des musées d’Alès Agglomération met au défi les jeunes de l’Agglo : les élèves du CM2 à la 3e doivent réaliser des livres d’artiste ; ceux de la 3e à la Terminale montent des projets vidéo sur une œuvre du musée. La restitution de tous les projets se fera au mois de mai.
- Samedi 19 janvier à 14h au Pôle culturel de Rochebelle à Alès
Une table ronde est organisée autour de la mémoire de PAB. Plusieurs personnalités de son entourage seront présentes. André Tardieu, vieux complice de PAB et aujourd’hui président de l’association des amis du musée, sera accompagné de Patrick Jourdan, premier conservateur du musée, ainsi que de l’architecte ayant accompli la restauration du château de Rochebelle. Un moment convivial de témoignages et de souvenirs à partager. - Samedi 23 mars de 9h à 18h, Pôle culturel de Rochebelle, Alès
Une journée d’étude est programmée en compagnie d’éminents chercheurs et de conservateurs ayant un rapport avec PAB et sept artistes de renom. Le cycle de conférences de haut niveau sera accessible à tous, afin de permettre à tout un chacun de mieux s’approprier les futures expositions du musée. - Et aussi, ces prochains mois
Exposition du dessinateur Willem, du 4 mars au 26 mai, en partenariat avec le Festival cinéma d’Alès – Itinérances.
Expo d’été “Jean Cocteau, l’empreinte d’un poète”, du 20 juin au 6 octobre.
Musée PAB
Adresse
52, montée des Lauriers
Quartier de Rochebelle, 30100 Alès
Horaires
Ouvert du lundi au dimanche,
de 14h à 18h
Téléphone
04 66 86 98 69
Tarifs
- Entrée gratuite pour les collections permanentes
- Expositions temporaires : 2,50 € /
5 € / gratuit – 12 ans - Pass individuel annuel : 19 €
(accès illimité aux musées PAB,
Colombier et Maison Rouge)
L'actu du musée
Transcriptions, dessins, peintures et livres
de Sylvie Deparis.
Les œuvres plongent les visiteurs dans un univers végétal d’une grande quiétude. La ligne, fondamentale et dépouillée, transcrit son rapport extrêmement fort avec l’art
d’Extrême-Orient.
- Jusqu’au 17 février