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Darwin Boomerangs, entre artisanat et industrie

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La société alésienne compte parmi la vingtaine de fabricants de boomerangs dans le monde. Les deux créateurs misent sur l’innovation et la fabrication éthique.

Dans l’imaginaire collectif, le boomerang est une arme de chasse aborigène venue d’Australie. Pourtant, des archéologues ont retrouvé, en Pologne, un ancêtre de cet objet daté d’il y a 2 300 ans. Des traces de bâtons de jet existent dans l’Égypte ancienne, chez les Aztèques, en Inde, au Japon, en Amérique et en Afrique.
« Bien qu’il soit très ancien, le boomerang, en tant que sport, ne s’est développé que dans les années 1970, surtout aux États-Unis », indique Jérôme Royo, ancien champion de France et membre de l’équipe nationale. Associé à Yvan Madec, ingénieur en aéronautique, il a créé en 2014 Darwin Boomerangs, l’une des rares entreprises de fabrication de boomerangs dans le monde. « Nous avons été incubés à l’école des Mines d’Alès et, depuis, nous développons une gamme de boomerangs pour les amateurs comme pour les compétiteurs, et même des modèles d’intérieur. »

800 boomerangs fabriqués chaque année

Jérôme Royo et Yvan Madec affichent un savoir-faire partagé, à la frontière de l’artisanat et de l’expertise industrielle : le premier est “shaper”, c’est-à-dire spécialisé dans le design et la fabrication. Le second dirige un fablab en Ardèche et développe toute une ingénierie autour de l’utilisation de matériaux innovants. « Les boomerangs sont traditionnellement en bouleau de Finlande, mais ils peuvent être aussi en bakélite, une matière PVC, et intégrer de la fibre de verre ou de carbone », décrit Jérôme Royo.

Avec près de 800 boomerangs fabriqués chaque année et une année 2020 particulièrement creuse, les deux entrepreneurs misent en 2021 sur l’innovation. « Nous préparons un e-boomerang qui embarquera des capteurs et sera relié à une application. Le lanceur pourra récupérer des données de vol, analyser ses trajectoires et ainsi améliorer son “plan de vol”, annonce Jérôme Royo. Par ailleurs, nous développons aussi une technologie qui va permettre d’utiliser des plastiques recyclés sous une presse par thermocompression ». La fabrication de boomerangs génère en effet beaucoup de pertes de matière première, car lorsqu’ils ne sont pas moulés, ils sont directement découpés dans des plaques de bois ou de plastique. « Nous aurons ainsi des objets éco-responsables, fabriqués à la demande ou en série, sans perte de matière et donc avec une empreinte carbone bien moindre. »

Les boomerangs de Jérôme Royo et de Yvan Madec, son associé, s’adressent autant aux amateurs qu’aux compétiteurs.